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Les Ecoles de la deuxième chance : pour une prise en charge globale des jeunes sortis du système scolaire sans qualification

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[7 septembre 2010] L’accès des personnes éloignées de l’emploi est l’étape primordiale pour leur autonomie, c’est pourquoi le dispositif de l’Ecole de la deuxième chance (E2C) s’est développé. Il s’agit d’un dispositif récent puisque la première création (E2C de Marseille) remonte à 2004. L’objectif réside dans une prise en charge globale des personnes sorties du système scolaire sans qualification ni diplôme.

La création des Ecoles de la deuxième chance (E2C) repose sur le constat et la conviction que l’insertion des personnes exclues passe par le respect d’un triptyque :

- une formation adaptée,

- un accompagnement social et professionnel,

- un tutorat en entreprise.

L’accès à l’emploi passe également par une information adéquate sur le marché de l’emploi, sur les métiers et les débouchés.

L’école de la deuxième chance plaide pour un renforcement des relations entre l’Education nationale et les entreprises, pour la contribution à une meilleure connaissance du monde de l’entreprise et pour une amélioration du système d’orientation actuellement défaillant.


Qu’est ce que l’école de la deuxième chance (E2C) ?

◘ Sa forme juridique :

L’E2C est en principe une association loi de 1901, ou un GIP (groupement d’intérêt public).

◘ Ses objectifs :

- Elle vise à répondre aux besoins de jeunes, qui ont vécu des échecs scolaires ou dont la scolarité a été interrompue, et qui recherchent un accès réussi au monde du travail.

- Elle vise aussi à répondre à l’attente des entreprises, non seulement les grandes entreprises partenaires, mais aussi les PME, qui recherchent des candidats qu’elles trouvent difficilement, notamment dans les secteurs dits "en tension".

◘ Son public :

L’école de la deuxième chance s’adresse à de jeunes adultes :

- de 18 à 26 ans (parfois de 26 à 30 ans, mais sous conditions : voir questions réponses),

- sans diplôme ni qualification,

- sortis depuis plus de deux ans du système scolaire.

Ce sont les principales conditions administratives mais l’E2C s’adresse surtout à des personnes très motivées pour "retourner à l’école", souvent après des difficultés ou des échecs, et avec l’intention de réunir les meilleures conditions pour le choix de leur métier futur.

A lire :

- "Etude pour l’essaimage du dispositif des E2C", juillet 2007.

- "Rapport d’information en conclusion des travaux de la mission sur les écoles de la deuxième chance et l’accès à l’emploi", présenté par M. Jacques Grosperrin, député, au nom de la Commission des affaires culturelles, familiales et sociales de l’Assemblée nationale, le 18 mars 2009.

Gros plan sur l’approche pédagogique de l’E2C de Paris

◘ Le principe de la formation

Il s’agit d’amener le jeune à choisir et développer un projet professionnel, en connaissance des causes, à travers un stage découverte et/ou d’une formation.

◘ Le fonctionnement de l’E2C de Paris :

- un apprentissage dispensé individuellement dans le respect du rythme et des niveaux d’apprentissage de chacun,

- une alternance "forte" pendant 8 à 10 mois, par cycle de trois semaines à l’école et trois semaines en entreprise,

- un accompagnement individuel, avec un accompagnateur dédié, disponible pour l’accompagnement et les orientations, afin de répondre aux manques et aux failles au niveau des apprentissages scolaires de base (maitrise de la lecture et de l’écriture),

- un module transversal de développement personnel et de travail sur l’estime de soi est dispensé : en effet, ces jeunes arrivent avec une image altérée d’eux-mêmes à cause du cumul d’échecs et de conditions difficiles, ainsi que des représentations fausses que se fait à leur sujet le secteur de l’emploi (discrimination, inaccessiblité).

L’E2C construit des partenariats sur le territoire

Le plus large partenariat se fait avec les entreprises qui accueillent le jeune pour lui permettre de découvrir un métier, de faire un choix ou d’avoir les compétences nécessaires pour l’exercice de son nouveau métier.

L’E2C de Paris vient de formaliser un partenariat avec 7 grandes entreprises qui font parties de son conseil d’administration et forment l’association E2C : elles prennent les décisions en faveur des jeunes et les aident à réaliser leur projet à l’issue de la formation.

Les candidats postulent eux-mêmes pour décrocher des places au sein des entreprises partenaires sur le territoire, en vue de se familiariser avec les démarches nécessaires à la recherche de stage (qui sont similaires à la recherche d’emploi). Les conventions de stage prennent des formes variées car le but n’est pas d’avoir un poste au sein de l’entreprise, mais d’acquérir des compétences, et de se faire un réseau de connaissances et de relations qui facilitent l’insertion professionnelle.

◘ Comment les jeunes sont-ils orientés vers l’école ?

Ils sont orientés principalement par le réseau des missions locales, dans le cadre du travail d’orientation qu’elles dispensent.


◘ Le public accueilli :

L’E2C de Paris accueille des jeunes :

- âgés de 18 à25 ans,

- déscolarisés avant d’avoir acquis une qualification, mais motivés pour reprendre l’apprentissage de base,

- ayant un niveau scolaire variable : de la fin du primaire (niveau 6e ou 5e) jusqu’au niveau baccalauréat, mais qui n’ont ni un diplôme scolaire ni le baccalauréat.
2/3 ont atteint le niveau de la troisième et ont commencé un CAP ou un BEP sans l’obtenir ;

Outre les difficultés scolaires, les candidats cumulent des difficultés sociales ou psychosociales, et parfois des difficultés de santé. Dès lors, un travail pointilleux d’orientation vers des structures plus adaptées est effectué par un psychologue présent au sein de l’E2C.

Les jeunes n’ayant pas de logement et ne pouvant vivre en Ile-de-France pendant la durée de la formation (35 h à temps plein pendant environ 10 mois) ne sont pas acceptés car l’E2C n’est pas dotée d’un internat et ne propose pas de solution pour le logement.

◘ Les conditions du recrutement :

Outre les critères administratifs, en l’occurrence, ne pas avoir de diplômes, ne pas être scolarisé depuis au moins une année, les candidats passent un entretien pour vérifier l’adéquation entre leur motivations, et les possibilités offertes par l’E2C. Un test de connaissances linguistique est indispensable, pour vérifier que le candidat arrive à décoder la langue française.

◘ Les métiers envisagés :

Ce sont des métiers accessibles sans diplôme, requérant des compétences spécifiques, et permettant de s’insérer sur le marché de l’emploi (les secteurs qui recrutent et la où il y a une offre d’emploi importante) : le bâtiment, l’hôtellerie, les services à la personne, le commerce et la vente, le secteur du médico social, et parfois l’animation ou la maintenance.

Certains décident, à l’issue de la formation, de reprendre leur formation au sein de l’éducation nationale en tant que candidats libres.

◘ Le pourcentage de sorties positives après la formation en E2C :

Le dispositif de l’E2C à Paris existe depuis 2 ans :

- Le taux d’insertion des jeunes qui se maintiennent dans le dispositif jusqu’à la fin de la formation et accèdent à un emploi varie entre 65 et 70% ;

- Le taux d’abandon est de 25%, les raisons majeures de l’abondon sont les déménagents, les problèmes de santé, les changements de la situation matrimoniale ;

- 5 à 6% arrivent à la fin de la formation sans solution d’emploi. Mais, généralement, ils sont insérables sur le marché de l’emploi dans les douze mois qui suivent l’achèvement de la formation.

Extraits de l’entretien avec le coordinateur pédagogique de l’école de la deuxième chance de Paris. Juin 2009, Paris.