Aller au contenu | Aller au moteur de recherche
> Accueil > Actualités > Brèves > « Le pacte de responsabilité, le compte n’y est pas ! »
[30 avril 2014] Etienne Pinte, Président du CNLE, et Louis Gallois, Président de la FNARS, signent une tribune publiée dans Le Monde du 30 avril 2014.
« Le pacte de responsabilité et de solidarité prévoit des mesures de soutien au pouvoir d’achat des personnes en emploi à faible revenu mais il doit aussi renforcer les derniers filets de sécurité des personnes qui sont exclues du marché du travail et qui comptent sur les prestations sociales pour garder une chance d’insertion et conserver des conditions de vie dignes.
Grâce à la mobilisation des associations de solidarité et de plusieurs parlementaires, le premier ministre a annoncé le maintien de la revalorisation du RSA de 10 % au-delà de l’inflation, prévue dès 2013 dans le plan quinquennal de lutte contre la pauvreté. Cette décision, qui était attendue par près de 2 millions d’allocataires qui vivent (pour une personne seule) avec moins de 500 euros par mois répond à un impératif évident de justice sociale.
Cependant plusieurs prestations dédiées aux plus modestes restent frappées d’une mesure de gel dans le cadre du plan d’économies, ce qui constitue pour nous une régression sociale inacceptable. C’est le cas des aides personnelles au logement (APL) perçues par 6 millions de personnes, très majoritairement à bas revenu qui peinent à payer leur loyer, dans un contexte d’explosion de la demande d’hébergement et de menace d’expulsion locative pesant chaque année sur 120 000 ménages.
Les jeunes sont également les grands oubliés du pacte de solidarité alors qu’ils sont massivement touchés par le chômage et la pauvreté. Privés du RSA en-dessous de 25 ans, ces jeunes, premières victimes de la crise économique, sont largement exclus de notre système de protection sociale et risquent la marginalisation lorsqu’ils ne bénéficient pas de la solidarité familiale. Pour lutter à la racine contre les inégalités sociales, il faut instaurer un vrai droit à la formation tout au long de la vie assorti de ressources. La garantie jeunes expérimentée depuis l’automne 2013 permet un accompagnement avec une allocation stable : elle doit être ouverte beaucoup plus largement aux jeunes en difficulté.
Au-delà de ces mesures élémentaires de justice sociale, le pacte de responsabilité doit également soutenir le retour à l’emploi des plus exclus en fixant avec les partenaires sociaux des objectifs d’embauches et de formation pour ceux qui sont aujourd’hui en marge des politiques de l’emploi. Le chômage de longue durée est une véritable gangrène pour le corps social ; il stérilise des capacités et des compétences qui ne trouvent pas à s’employer. Nous proposons qu’il fasse l’objet d’une négociation interprofessionnelle comme cela a été le cas pour la formation professionnelle. Le pacte de responsabilité doit enfin intégrer la réforme de l’aide aux travailleurs pauvres. Le plan quinquennal de lutte contre la pauvreté prévoyait en particulier la réforme du RSA activité, allocation qui ne fonctionne pas et qui est fermée aux jeunes. La baisse de charges salariales envisagée ne peut s’y substituer car elle ne s’adresse pas aux mêmes populations.
Nous demandons que ces mesures soient intégrées au pacte de responsabilité et de solidarité et que les associations comme les personnes précaires puissent participer à la prochaine conférence sociale annoncée en juillet. Les 9 millions de personnes pauvres doivent être présentes et entendues dans le pacte de responsabilité. »
Par Etienne Pinte, président du Conseil national de lutte contre l’exclusion (CNLE), et Louis Gallois, président de la Fédération Nationale des Associations d’Accueil et de Réinsertion sociale (FNARS).
Lire la tribune sur le site du Monde |