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[19 septembre 2014]
L’IIDRIS (Index international et dictionnaire de la réadaptation et de l’intégration sociale) définit l’insertion sociale comme une « action visant à faire évoluer un individu isolé ou marginal vers une situation caractérisée par des échanges satisfaisants avec son environnement ; c’est également le résultat de cette action, qui s’évalue par la nature et la densité des échanges entre un individu et son environnement ».
Pour le dictionnaire suisse de politique sociale [1], « L’insertion (…) se réfère à l’ensemble des actions destinées à pallier la menace que ces transformations [les mutations socio-économiques actuelles] font peser sur l’intégration sociale. Cette dernière notion, souvent confondue avec l’insertion, est plus ancienne et repose sur une définition sociologique précise. Un groupe, ou une société, est intégré(e) quand ses membres se sentent liés les uns aux autres par des valeurs, des objectifs communs, le sentiment de participer à un même ensemble sans cesse renforcé par des interactions régulières (cf. E. Durkheim [2]). L’intégration sociale est donc une propriété collective et l’insertion, dans ce contexte, se réfère à la participation au niveau individuel à un système social intégré.
Le terme d’insertion désigne par conséquent à la fois un but et un moyen. C’est, d’une part, le résultat des mécanismes d’intégration, tels la socialisation, par lesquels chaque individu tout au long de sa vie assimile les éléments lui permettant d’occuper une place dans les échanges sociaux. Dans notre société, l’axe le plus intégrateur autour duquel se cristallise l’insertion est le travail.
D’autre part, l’insertion désigne les interventions menées au moyen de dispositifs publiques (dans le cadre, par exemple, de l’aide aux chômeurs ou de l’aide sociale) auprès de populations dont la situation d’exclusion est révélatrice de défaillances des mécanismes d’intégration. Ces interventions consistent, au niveau individuel, en une stratégie de discrimination positive (cf. R. Castel [3]) visant à renforcer les processus de socialisation et le développement des liens sociaux afin de rattraper la distance par rapport à une intégration accomplie (en favorisant par exemple le retour de chômeurs « en fin de droit » sur le marché du travail ou dans l’assurance-chômage). Mais l’insertion a aussi une portée sociétale pour se réaliser, dans la mesure où une insertion passe nécessairement par l’aménagement de conditions propres à assurer un accueil des personnes (mises) en marge.
Les dispositifs d’insertion récemment instaurés (cf. RMI, RMCAS, RMR, MIS et PEQ, etc.) ouvrent dans le système de sécurité sociale un nouvel espace intermédiaire entre le régime de l’assurance et celui de l’assistance classique. C’est aussi un espace transitionnel puisque ces interventions sont en principe limitées dans le temps et s’apparentent à une étape dans la trajectoire d’insertion des individus. Cet espace se veut promotionnel en renforçant les compétences sociales et professionnelles et en favorisant le développement des liens sociaux. C’est un espace structuré régi par une volonté politique d’éviter par ce moyen l’apparition de fractures sociales. Mis en œuvre sur la base d’un principe de réciprocité en exigeant des bénéficiaires une contre-prestation, ces dispositifs novateurs sont toutefois constamment menacés d’être réduits à une action d’euphémisation, voire de pénalisation, ou d’astreinte au travail et de disciplinarisation (Workfare [4]). »
En France, « les politiques d’insertion qui s’institutionnalisent dans les années 80 comprennent deux volets principaux : la lutte contre la pauvreté et l’accès à l’emploi. La lutte contre la pauvreté, si elle comprend toujours une dimension prestataire s’apparentant aux anciennes politiques d’assistance, recherche aussi à garantir la dignité des personnes et l’effectivité de leurs droits. Le dispositif d’aide à l’accès à l’emploi s’est progressivement enrichi de multiples formules d’accompagnement sans réussir à insérer véritablement dans des formes classiques d’emploi. On a ainsi régulièrement reproché aux politiques d’insertion de poursuivre des objectifs inconciliables et d’écarter finalement leurs bénéficiaires des formes de sociabilité de droit commun. La mise en place du revenu de solidarité active (RSA) en 2009 se veut une réponse pour tenter de concilier les deux volets des politiques d’insertion. [5] »
[1] « Insertion », article écrit par Jean-Claude Simonet pour le dictionnaire suisse de politique sociale.
[2] E. Durkheim, De la division du travail social, Paris, PUF, 2007
[3] R. Castel, Les métamorphoses de la question sociale, Fayard, Paris, 1995, pp. 418-435
[4] Le Workfare est apparu aux États-Unis dans les années 1970, qui prévoit que les bénéficiaires aptes au travail doivent travailler en échange de leur allocation.
[5] Premier ministre, Direction de l’information légale et administrative, Vie publique, Les politiques d’insertion (1980-2009) / De l’assistance à la lutte contre l’exclusion.