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> Accueil > Dossiers thématiques > Santé et précarité > Historique de la prise en charge des troubles mentaux > Avant la Révolution française
[19 novembre 2009] Cette époque est marquée par l’absence de prise en charge spécifique du « fou ». Il est placé à l’hôpital avec le « malade », enfermé et mis à l’écart.
Avant la Révolution française, notamment au Moyen âge, beaucoup de vagabonds arpentaient les rues, notamment à Paris. Leur surveillance était un souci pour les autorités de l’époque. Certains d’entre eux étaient fous puisqu’à cette époque le « fou » était marginalisé et exclu, jeté à la rue avec les mendiants et les auteurs de délits ou de crimes mutilés.
Cependant il faut faire une distinction. Une partie des fous présents à Paris y étaient venus pour se faire soigner. L’autre partie était celle des fous forcés de s’y faire « hospitaliser » après avoir été donc attrapés dans la rue ou après qu’une demande ait émané de la famille, du voisin, de l’employeur,… A noter également qu’une très grande part des déments hospitalisés est domiciliée à Paris.
On peut se demander comment se manifestait déjà à cette époque la prise en charge des malades mentaux, en sachant que c’est une époque où la tendance était à l’enfermement des errants et des déments.
Première précision, il n’y avait pas avant la Révolution de spécialiste de la psychiatrie, encore moins d’établissement dédié à la prise en charge psychiatrique ou réservé aux « fous ». En conséquence, il n’y avait pas de soin médical spécifique pour les fous, quelques uns d’entre eux étaient placés dans les prisons royales, les autres étaient placés à hôpital (ils y trouvaient asile contre le paiement d’une pension), dans des maisons religieuses pour les plus aisés, dans des maisons de santé privées, ou encore pour les plus pauvres à l’Hôtel-Dieu, ou l’Hôpital-Général.
Il convient de noter que l’Hôpital-Général a été fondé pour les « Pauvres mendiants valides et invalides », mais rapidement des locaux sont réservés aux mendiants pris de folie – devant être isolés des autres pensionnaires - et aux aliénés « séquestrés » (cf. la procédure de séquestration).
Avant la Révolution on parle d’« hospitalisation ». Il s’agissait en fait d’un internement, au sens le plus grave du terme, contre le gré du « fou ». Aujourd’hui on parlerait « d’internement ». Ils existaient plusieurs procédures « d’hospitalisation », notamment celle qui relevait du pouvoir du Lieutenant général de police et qui consistait, après examen et avis de l’un de ses commissaires, à prendre une ordonnance d’« admission » des fous sans en référer à son ministre, ni à la justice, ni même au roi. Sorte de placement forcé dans un lieu d’internement qui ne connaissait pas de recours judiciaire, par opposition aux autres procédures d’« hospitalisation » qui étaient elles « judiciaires ».
Dernière précision, si aujourd’hui les causes d’hospitalisation - dans son sens actuel - sont ciblées, à l’époque c’était moins le cas, les raisons de l’« hospitalisation » étaient singulièrement diverses, aussi bien pour injure ou menace que pour blasphème, ou encore état d’ivresse avancée sur la voie publique.